mardi 11 avril 2017

La règle du jeu de Michel Leiris

 

« Pour choisir une carrière : il y avait à la maison un livre ainsi intitulé », se souvient Michel Leiris dans Biffures. À l’âge où il s’agit de s’« orienter » dans la vie, voire durant toute sa vie, Leiris aura éprouvé des difficultés à choisir. « Reste à savoir, puisque tout est sorti de là, comment il se fait que moi, qui n’avais pas de vocation, je me suis trouvé un beau jour être un écrivain », continue-t-il. À 30 ans, il devient néanmoins ethnographe, presque par accident : en participant à l’importante mission Dakar-Djibouti (1931-1933). Malgré sa croyance dans le hasard objectif – ne fut-il pas un temps surréaliste ? –, Leiris cherche la règle du jeu de sa vie.
Le cycle de La Règle du jeu constitue une vaste entreprise autobiographique. Tout en étudiant sur le terrain les phénomènes du merveilleux et du sacré qui le passionnent, Leiris devient son propre terrain d’observation. En explorant ses souvenirs d’enfance, en faisant son autoportrait, il interroge ce qui le fait écrire et ce que signifie écrire sur soi. Faut-il tout dire ? Comment, en écrivant, ne pas fausser la vérité ? Écrire ainsi n’aura-t-il pas des conséquences nuisibles sur la vie réelle ? Devenir un écrivain a pu lui sembler le mettre bourgeoisement à l’abri de risques physiques : écrivant, il se rendra compte qu’il a, finalement, payé de sa personne.
Après la confession rousseauiste et le mécanisme proustien du « temps retrouvé », Leiris fait entrer l’autobiographie dans la modernité littéraire.

Coffret 4 volumes : La Règle du jeu I : Biffures – La Règle du jeu II : Fourbis – La Règle du jeu III : Fibrilles – La Règle du jeu IV : Frêle bruit