mercredi 14 octobre 2020

La laveuse de mort de Sara Omar

Irak 1986. Lorsque la frêle Frmesk vient au monde, elle n'est pas la bienvenue aux yeux de son père. Ce n'est qu'une fille. De plus, son crâne chauve de nourrisson porte une petite tache de cheveux blancs. Est-ce un signe d'Allah ? Est-elle bénie ou maudite ?
La mère de Frmesk craint pour la vie de sa fille. Quand son mari menace de l'enterrer vivante, elle ne voit d'autre solution que de la confier à ses propres parents.
Gawhar, la grand-mère maternelle de Frmesk, est laveuse de mort. Elle s'occupe du corps des femmes que personne ne réclame, ne veut toucher ni enterrer : des femmes assassinées dans le déshonneur et la honte. Son grand-père est un colonel à la retraite qui, contrairement à sa femme, ne lit pas uniquement le Coran mais possède une riche bibliothèque. Ce foyer bienveillant ne parviendra qu'un temps à protéger Frmesk des inexorables menaces physiques et psychologiques qui se resserrent sur elle, dans un pays frappé parla guerre, le génocide et la haine.
La Laveuse de mort est un roman violent sur la vie d'une enfant — puis d'une jeune femme — exposée à l'extrême. 

L'autrice est née en Irak en 1986. À 10 ans, elle passe par un camps de réfugiés avant de s'installer au Danemark où elle recevra des menaces de mort lors de la publication de ce livre en 2017.  Elle connaît parfaitement son sujet. Le roman raconte crûment les tortures et les féminicides imposés par une religion et des traditions patriarcales. Lecture dure mais indispensable.
 

Acte Sud, 2020, traduction de Frédéric Fourreau.