«
Pour choisir une carrière : il y avait à la maison un livre ainsi intitulé », se souvient Michel Leiris dans
Biffures.
À l’âge où il s’agit de s’« orienter » dans la vie, voire durant toute
sa vie, Leiris aura éprouvé des difficultés à choisir. « Reste à savoir,
puisque tout est sorti de là, comment il se fait que moi, qui n’avais
pas de vocation, je me suis trouvé un beau jour être un écrivain »,
continue-t-il. À 30 ans, il devient néanmoins ethnographe, presque par
accident : en participant à l’importante mission Dakar-Djibouti
(1931-1933). Malgré sa croyance dans le hasard objectif – ne fut-il pas
un temps surréaliste ? –, Leiris cherche la règle du jeu de sa vie.
Le cycle de
La Règle du jeu constitue une vaste entreprise
autobiographique. Tout en étudiant sur le terrain les phénomènes du
merveilleux et du sacré qui le passionnent, Leiris devient son propre
terrain d’observation. En explorant ses souvenirs d’enfance, en faisant
son autoportrait, il interroge ce qui le fait écrire et ce que signifie
écrire sur soi. Faut-il tout dire ? Comment, en écrivant, ne pas fausser
la vérité ? Écrire ainsi n’aura-t-il pas des conséquences nuisibles sur
la vie réelle ? Devenir un écrivain a pu lui sembler le mettre
bourgeoisement à l’abri de risques physiques : écrivant, il se rendra
compte qu’il a, finalement, payé de sa personne.
Après la confession
rousseauiste et le mécanisme proustien du « temps retrouvé », Leiris
fait entrer l’autobiographie dans la modernité littéraire.
Coffret 4 volumes : La Règle du jeu I : Biffures – La Règle du jeu II : Fourbis – La Règle du jeu III : Fibrilles – La Règle du jeu IV : Frêle bruit