Le roman ne nous épargne aucune manifestation de Mal. Au long de ses 700 pages, il nous plonge dans les méandres de la cruauté humaine avec une érudition qui rajoute à l'efficacité du propos.
Librinova, 2021.
Le roman ne nous épargne aucune manifestation de Mal. Au long de ses 700 pages, il nous plonge dans les méandres de la cruauté humaine avec une érudition qui rajoute à l'efficacité du propos.
Librinova, 2021.
Pavel Volodine, grand reporter et baroudeur doté d'un bagou certain, vit
à Moscou une existence presque rangée, après avoir été spécialiste des
conflits interethniques dans la Fédération de Russie. C'est avec une
grande surprise qu'il est un soir appelé par la police, pour venir jouer
le rôle de médiateur sur les lieux d'une prise d'otages.
Le preneur d'otages est en effet un jeune homme que Pavel avait fait
libérer en Tchétchénie, avant de le perdre de vue. Désormais désespéré,
il retient dans une église plus de cent personnes, et menace de faire
sauter le bâtiment et les fidèles. Engagé malgré lui dans cette
improbable négociation, Pavel découvre progressivement ce qui a conduit
Vadim à faire le choix du terrorisme.
Que faire de la haine et la colère qui bouillonne dans nos sociétés depuis quelques années? L'auteur nous alerte ici sur les dangers de l'incompréhension et de l'indifférence et nous rappelle que nous sommes responsable de nos aveuglements.
Gallimard, 2021.
Delia Owens nous livre un roman qui tourne comme une boîte à musique. Ambiance, personnages, nature, suspens, tout concourt à faire entrer ce livre dans le cercle de ceux qu'on ne peut plus lâcher. Un gros coup de cœur.
Points 2021
Adèle O'Longh excelle dans la description de l'âme humaine qui donne toute sa mesure au bord de l'abîme. Sa vision de la vie portée au rang d'art majeur par une écriture originale est une invitation à larguer les amarres pour mieux se trouver.
" Elle a pris appui sur son bâton et rabattu son chapeau de paille en arrière.
– Et toi ? Elle m’a demandé.
– Oh moi, j’ai répondu, je suis une âme égarée.
J’ai
dit ça sans réfléchir. Légèrement. Avec une douce ironie. Pour l’amuser
peut-être, je croyais. Mais Sarah a hoché la tête. Elle m’a regardée,
et j’ai eu l’impression de devenir liquide, complètement transparente,
de me dissoudre dans ses yeux noirs. Puis elle a eu ce sourire dans le
regard, malicieux sourire que j’ai tant aimé.
– Aucune âme n’est
égarée quand elle parle comme tu viens de le faire, elle a dit. On se
partagera quelques dattes, si tu veux entrer.
Elle a écarté les tissus masquant la porte de sa maison, et je l’ai suivie à l’intérieur. "
Après la Lune, 2021.
Joseph est un vieil homme qui joue divinement du Beethoven sur les pianos publics. On le croise un jour dans une gare, un autre dans un aéroport. Il gâche son talent de concertiste au milieu des voyageurs indifférents. Il attend. Mais qui, et pourquoi ?
Alors qu’il a seize ans, l’adolescent est envoyé dans un pensionnat
religieux des Pyrénées, Les Confins. Tout est dans le nom. Après Les
Confins, il n’y a plus rien. Ici, on recueille les abandonnés, les
demeurés. Les journées sont faites de routine, de corvées, de
maltraitances. Jusqu’à la rencontre avec Rose.
Jean-Baptiste Andrea nous livre un roman musical poignant construit comme un bon scénario ( l'auteur est aussi scénariste) qui ne nous laisse pas indemne.
L' Iconoclaste, 2021
L'histoire surprenante de ce roman nous fait découvrir Belgrade. On sourit et on s'émerveille, pris par une belle écriture au service des livres et de l'imaginaire.
Zulma poche 2021
« Le pays se lavait les mains. Oui, et même un grand nombre de ceux qui avaient vraiment fait quelque chose savaient qu'ils auraient pu faire davantage, et ils n'avaient pas envie qu'on le leur rappelle. » Pendant la guerre, Ingrid Barrøy avait sauvé, soigné et aimé Alexander, un Russe survivant du naufrage du Rigel, qui avait coulé au large des côtes du Helgeland. De cet amour aussi bref que libre était née une petite fille, Kaja. Début 1946, la guerre est terminée, Kaja a dix mois, et Ingrid décide, contre l'avis de tous, de partir à la recherche de celui qu'elle présente comme son « homme ». Avec sa fille sur le dos et la valise à la main, elle va suivre Alexander à la trace dans toute la Norvège, d'une ferme à une autre, d'une gare à l'autre, de pêcheur en passeur, de bûcheron en médecin.
Les yeux du Rigel est le troisième volume de la trilogie consacrée à Ingrid Barrøy. C'est le voyage d'une femme qui quitte son île pour la terre ferme, la forêt, les villes et même l'étranger, et qui rentre dans son île, après avoir croisé des hommes et des femmes pleins de cicatrices extérieures et de blessures internes, dans une Norvège qui, si elle n'est plus ravagée par la guerre, n'est pas en paix avec elle-même.
On retrouve ici tout le talent de Roy Jacobsen, qui sait si bien mêler avec force et poésie la grande Histoire et les destins de gens modestes, ainsi que les ombres du passé.
Gallimard,2021.
Le style épuré de Yves Ravey nous séduit une fois encore par son décalage. Dans ce court roman noir où le réel ne cesse de se dérober, nous sommes les spectateurs impuissants d'une histoire qui déraille.
Les Editions de Minuit 2021
Alice Ferney a assurément une belle plume. Elle nous livre ici un roman complexe qui interroge notre absurde modernité et ses effrayants paradoxes: procréation assistée et femmes mourant en couches, femmes "libres" et patriarcat, maternité libérée et location d'utérus... des thèmes bien traités par l'une des grandes écrivaines d'aujourd'hui.
Actes Sud, 2020.
Franck Balandier brosse les portraits des plus grandes stars internationales de la musique ayant commis un délit ou un crime. Certains comme David Bowie, Johnny Cash ou Aretha Franklin ont été en garde à vue. D’autres dont Joan Baez, Booba, les Pussy Riot, James Brown ou Paul McCartney ont été incarcérés. Les causes d’incarcération les plus fréquentes : la drogue, les agressions, les homicides et les violences conjugales.
Ce livre n'est pas un objet de plus pour tapage médiatique. La plume de l'auteur est délicate. Elle nous dévoile l'envers du décor et ses dérives. Un séjour derrière les barreaux est souvent un propulseur de notoriété. Mais à quel prix?
Le Castor Astral, 2021
Twitter. Trop de raccourcis (y compris de la part de l'auteur quand il était décodeur), trop de violence, trop de meutes organisées qui déchiquettent leurs proies virtuelles. Burn-out. Dans ce livre en forme d’avertissement, Samuel Laurent enquête sur le monstre qu’est devenu Twitter, un réseau où chacun s’invente une vérité, où l’indignation vertueuse et la manipulation règnent. C’est pourtant là que les politiques et les journalistes scrutent le moindre mouvement d’opinion, au risque de créer des « bulles d’information » qui s’auto-alimentent. Au point de tuer la démocratie.
L'auteur revient de loin. Il a lui-même usé et abusé de twitter . Il raconte cela en faisant son mea culpa dans ce livre qui nous explique les dangers et dérives d'un système addictif où chacun ne voit que ce que lui renvoie le miroir déformant. Miroir, ô mon miroir...
Les Arènes 2021
Arthur Lochmann a délaissé ses études de droit et de philosophie pour devenir charpentier. En apprenant le métier, il a découvert des gestes, des techniques et une pensée de la matière qui ont transformé son rapport au monde. Ce récit d'apprentissage plein d'humilité entremêle souvenirs de chantiers et réflexions sur le corps, le savoir et le travail aujourd'hui. Avec une langue limpide et élégante, l'auteur montre comment la pratique de cet artisanat lui a donné des clés précieuses pour s'orienter dans une époque frénétique. Parce qu'apporter du soin à son travail, c'est déjà donner du sens à son action ; qu'apprendre et transmettre des savoirs anciens, c'est préserver un bien commun ; et que bien bâtir, c'est s'inscrire dans le temps long : la charpente est une éthique pour notre modernité.
Véritable chant à la gloire du savoir-faire, La vie solide nous conte l'amour des gestes simples et bien exécutés. Arthur Lochmann signe un récit d'apprentissage, dans tous les sens du terme, autant qu'un essai, qui est une pause bienvenue dans la frénésie moderne.
Payot, 2021.
Faire de Cioran un personnage de bande dessinée est une excellente idée. Cela le rapproche de nous et le remet en perspective.Très élégant.
Rivages 2018
Livre dérangeant et percutant d'un auteur soudanais exilé politique qui entremêle les histoires dans un roman complexe. On y retrouve les mercenaires janjawid encouragés à l'épuration ethnique sur les soudanais non musulmans du Darfour et des personnages hauts en couleur.
Zulma 2021
Que diraient les arbres si on les écoutait ? A la suite de son premier livre «Et si on écoutait la nature ?» (Payot), Laurent Tillon s'attache aujourd'hui à raconter l'histoire d'un chêne pédonculé bien particulier de la forêt de Rambouillet. Alliant une sensibilité naturaliste développée depuis l'adolescence aux découvertes scientifiques les plus récentes, l'auteur est pour la première fois en mesure de réaliser la biographie de cet arbre majestueux en pleine force de l'âge. A travers la vie pleine de suspense et de rebondissements de ce chêne, c'est l'occasion de brosser, avec tendresse et humour, les portraits étonnants de toute une galerie d'êtres qui interagissent avec lui, du champignon invisible (mais néanmoins indispensable) au cerf et au loup en passant par le capricorne, le mulot et bien d'autres encore. Bien qu'en apparence parfaitement immobile, «Quercus» tisse des liens indéfectibles avec tous les habitants de la forêt.
Prédation bien sûr, mais surtout coopération et alliances à tous les étages, du sous-sol à la canopée. Ayant dressé ses premières feuilles quelques décennies avant la Révolution française, dans un paysage de lande arborée difficilement imaginable aujourd'hui, «Quercus» raconte aussi un volet de l'histoire tumultueuse des hommes à travers leurs relations complexes et ambigües aux arbres. De la forêt royale vouée au seul divertissement de la cour jusqu'au souci du végétal qui irrigue maintenant des pans entiers de la société, Laurent Tillon évoque avec empathie l'émergence et l'évolution de la sensibilité au vivant.
Actes Sud, 2021
Sylvia est la maman de Colombe. Malgré ce prénom choisi pour la paix qu’il inspire, Colombe n’est pas l’enfant sage dont Sylvia rêvait. Colombe a un caractère de feu. Une énergie dévorante. Sylvia, au contraire, est introvertie ; elle a besoin de silence, de solitude. De contrôle. Mais la force de Colombe menace sans arrêt son équilibre, lui interdit tout repos, et finit par la terrasser.Aujourd’hui, Colombe a vingt ans, et tout va bien. C’est une jeune fille épanouie, étudiante fêtarde et sportive, qui s’apprête à entrer en école de police comme elle l’a toujours rêvé. Sylvia a tout préparé pour que sa fête d’anniversaire soit parfaite. Et tandis que la journée passe, ses pensées divaguent. Le passé refait surface : les moments doux et les éclats de rire, mais aussi les colères et les cris… Puis ce terrible souvenir de « l’accident », quand Colombe avait quatre ans. Jusqu'à ce qu'une ombre s'immisce dans cette journée ensoleillée et fasse trembler la réalité...
Les apparences sont souvent trompeuses. Ce roman nous conte les failles cachées de l'amour maternel.
Fayard, 2021.
Un carnet par décennie, ainsi confiait le père de Carmen son secret au papier. Premier roman de Johanna Krawczyk, lectrice et scénariste, où Victimes et bourreaux se mêlent dans un bel exercice de style.
Editions Héloïse d'Ormesson, 2021
Jean-Paul Dubois manie la métaphore et l'humour comme personne. Dans Une vie française, l'auteur brosse un portrait sans concession de français moyens, de 1950 à 2002, avec son inimitable ton léger qui dit élégamment le désespoir devant la violence et l'absurdité de la vie.
Points, 2021.